La déesse Vesta est la personnification du feu sacré, celui du foyer domestique, comme celui de la cité. À Rome, elle symbolise aussi l’exigence la plus absolue de pureté. Elle préside à la fin de tout acte et de tout événement : avide de pureté, elle entretient la vie nourricière sans être féconde.

La vestale est la prêtresse de Vesta dans son temple de Rome. La vestale se devait d’être vierge et sa tâche principale était de veiller et d’entretenir le feu sacré dans le temple. Les vestales symbolisent le sacrifice permanent, par lequel une perpétuelle innocence se substitue à la faute perpétuelle des hommes.

Fire Hazard (Revestalization) est une vidéo réalisée lors d’une performance dans le Forum à Rome en 2005. Lors d’un voyage en Europe, je suis allée à Rome pour la raison première de rallumer le feu sacré dans ruines du Temple de Vesta. L’entré dans le temple étant interdite au public ; sans être vue, à l’heure de fermeture du Forum, je suis rentrée dans les ruines pour y réaliser mon méfait spirituel, artistique et féministe.

Le geste est volontairement pathétique voir absurde, allumer un feu, à l’aide de papier journal et d’allumette, dans un temple ruiné, que partiellement reconstruit en 1927. Une vaine tentative de resacraliser des pierres éparses infestées de touristes, de rapporter le feu sacré après 17 siècles d’absence et de se commémorer les Vestales et leur rôle ; les femmes les plus importantes et puissantes de la Rome ancienne ; les seules prêtresses parmi les prêtres romains.

Performance faite pour le seul œil de la caméra, la documentation vidéo en est l’objet artistique accessible. La vidéo est grossièrement filmée d’une main tremblante par l’excitation. Le cadrage y est pourtant important, une fois la caméra posée au sol, l’image cadre l’acte selon le nombre d’or. À l’image, une femme qui allume un petit feu et qui le laisse mourir à nouveau comme hommage au passé. Sa main tremble dans l’effervescence et de peur que le feu s’éttende dans l’herbe sèche ou de se faire prendre par la sécurité ; levant la tête avec nervosité pour voir si quelqu’un vient. Une fois, le feu éteint, nostalgique, elle prend la caméra et s’en va. Les paroles récitées sont en latin, langage de la Rome ancienne et des Vestales. Elles donnent un côté occulte et rituel au geste tout comme les vêtements portés. La femme à l’écran, incarne la Vestale, mais en fait l’idée générale de prêtresse et de sorcière ; celle qui crée le lien entre le mondain et le divin.

« J’afficherai l’absence

aux portes des autels

que déserte le feu (…)»

                        Michel Journiac, Le Sang nu