LES MÉLIADES

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Désorienté par la peur, un marchand avançait à tâtons dans les bois lugubres.

Le chemin boueux happait ses pas lourds et la fatigue eu raison de son hardiesse. L’homme pourtant bourru s’effondra inévitablement face contre une terre qui maintenant le recouvrait. Se voyant enveloppé de fange sans plus d’honneur qu’un vulgaire paysan, il décida alors d’accepter son sort et d’attendre l’aurore pour continuer sa route. Les heures défilaient lentement et l’impitoyable souffle glacé de la forêt pénétrait ses os. Alors qu’il se sentait partir sous le poids de ses malheurs, le marchand entendit un bruissement inquiétant non loin de lui. Il saisit sa dague et se releva dans un ultime effort, forcé d’affronter cet énième obstacle que le destin lui envoyait. Ce ne fut cependant pas une bête monstrueuse qui le dévisagea, mais deux bambins à la peau pâle. Un garçons et une jeune fille qui lui souriaient de leurs dents de lait. Le marchand soulagé rangea son arme et leur demanda s’ils habitaient non loin de là. Mais les enfants se contentèrent de ricaner en s’enfonçant dans la brume épaisse. L’homme désespéré les suivit tant bien que mal jusqu’aux abords d’une clairière. C’est là qu’il la vit. Une femme. Grande et pâle. Les reflets de la lune venaient mourir sur ses cheveux détrempés. Ses doigts longs et décharnés se baladaient sur la tête des enfants accrochés à sa robe rouge. L’homme terrifié voulu faire marche arrière mais son corps ne lui appartenait déjà plus, ses pieds semblaient avoir pris racine. La nymphe s’approcha. Elle l’enlaça de ses bras frêles. Au contact de leur corps le marchand eu des visions d’horreur. L’esprit de la nature lui montra les douleurs des bois, traqués par la folie égoïste des hommes. Perdu dans ses hallucinations divines le pauvre gaillard des villes ne pu qu'être témoin de sa transformation. Sa chair se mit à durcir tandis que ses jambes s’enfonçaient dans la terre pour s’enraciner fermement. Sa peau devint écorce, ses bras devinrent branches et son tronc resta tronc. Naquit ainsi un nouveau disciple des méliades.

 

William Labourier